Vivre à temps plein ou à temps partiel ailleurs dans le monde tout en continuant son travail au Québec, c’est une façon excitante de vivre, de voir du pays et de garder une certaine stabilité en même temps. Par où commencer pour devenir nomade numérique?
Les questions à se poser avant de devenir nomade numérique
La plus grande question demeure sans doute «comment devenir nomade numérique»? Avant de tout lâcher et partir à l’aventure, il faut faire plusieurs vérifications importantes.
L’idéal est évidemment d’avoir un travail qui peut se faire à distance, ce qui semble s’appliquer à beaucoup plus de gens depuis l’arrivée du télétravail avec la pandémie. Mais, plusieurs entreprises n’accordent pas ce genre de privilège à leurs employés. Il faut donc vérifier si vous avez le droit de pratiquer votre métier à l’extérieur du pays pendant une durée déterminée ou indéterminée.
Si c’est possible, il faut ensuite choisir l’endroit qui vous convient! Est-ce un pays chaud ou près d’une montagne enneigée? Les possibilités sont pratiquement infinies, mais il faut considérer quelques points.
Internet
Probablement le plus important de tous: internet! Nous sommes très choyés d’avoir un excellent réseau au Québec, mais ce n’est pas le cas partout dans le monde, ce qui pourrait rapidement devenir frustrant lors de vos appels vidéo ou pour télécharger des documents. Tous les nomades numériques vous le diront, c’est le nerf de la guerre. Heureusement, de plus en plus d’espaces de «co-working» ouvrent dans le monde et permettent ainsi d’avoir son bureau à l’étranger avec internet rapide garanti.
Le visa
Ensuite, le visa! Eh oui, il faut une permission pour travailler dans un autre pays. Certains pays proposent maintenant des visas pour nomades numériques, d’autres acceptent simplement les travailleurs pour une durée déterminée sans permission spéciale. Il faut faire les vérifications nécessaires.
La discipline
Troisièmement, il faut être discipliné! La flexibilité de certains horaires de travail rime avec la difficulté de devoir être à son écran alors qu’il y a tant à explorer. Avec la plage ou les pentes de ski à proximité, saurez-vous demeurez concentré sur les tâches à accomplir 40 heures semaine? Les soirs et fins de semaine seront idéaux pour profiter de votre nouveau lieu de résidence à moins d’avoir un horaire atypique vous permettant de marier visites et boulot au quotidien.
Le coût
Le quatrième aspect à considérer est le coût de la vie. La plupart des pays ou villes reconnues pour les nomades numériques permettent d’y vivre à faible coût. On pense entre autres aux pays d’Asie ou d’Amérique centrale où le logement, la nourriture et même les déplacements sont à une fraction du prix du Québec, ce qui permet d’économiser et avoir un budget pour les activités. Il est aussi possible de vivre au-dessus de ses moyens et dépenser rapidement l’argent gagné. Un budget est tout aussi important comme nomade numérique que comme employé à la maison.
D’autres petits points à vérifier
Il faut aussi avoir de bonnes assurances, s’assurer de l’accessibilité aux soins de santé (surtout en ces temps incertains), avoir des sous de côtés pour les imprévus et vérifier le niveau de sécurité dans le ou les pays où vous déciderez de vous établir.
Quelques expériences de nomades numériques

Sur la photo : notre collaboratrice Maude Carrier
Pour devenir nomade numérique, vous n’êtes pas obligé de tout quitter et partir vivre pour toujours à l’étranger. Cela fait maintenant 4 ans que je passe mes hivers au chaud telle une snowbird retraitée sauf que moi, je continue de travailler. Je me définis plutôt comme une nomade numérique à temps partiel. En tant que pigiste, je peux me permettre de gérer mes contrats en fonction d’où je serai sur la planète. De l’Indonésie au Mexique, et dans quelques semaines depuis la Colombie, je suis derrière mon ordinateur du lundi au vendredi parfois de jour, parfois de soir selon le décalage horaire et la quantité de boulot à l’agenda. Ce que j’aime par-dessus tout, outre la flexibilité, c’est de devenir un peu une «locale» et m’imprégner tranquillement de la culture du pays où je suis. C’est ma nouvelle façon de voyager préférée et cela me permet de me sauver de l’hiver quelques semaines ou quelques mois selon mes mandats. Ce que je trouve le plus difficile : trouver l’internet parfait au moment où j’en ai le plus besoin!

Sur la photo : Julien Tremblay
Pour Julien, 30 ans, ingénieur web et investisseur en cryptomonnaie, c’est la liberté extrême qui l’a motivé à choisir ce mode de vie. En 5 ans, il a habité dans 35 pays et vient de quitter Dubai pour Chypre en passant par Istanbul! La plus grande difficulté comme nomade numérique selon lui?
«La solitude. Avoir trop de liberté nous donne parfois l’impression d’appartenir à aucun et à tous les pays à la fois. Les nomades numériques vivent un peu dans un monde parallèle. Tout dépendant de notre travail et des fuseaux horaires, il y a parfois des obligations de travailler en soirée et on finit rapidement par ne plus suivre le mode de vie local. C’est très facile de s’isoler sachant qu’on ne connait personne dans chacune des villes qu’on découvre. »

Sur la photo : Jennifer
Du côté de Jennifer, pigiste en rédaction et en édition, le choix de devenir nomade numérique était plus qu’évident à la suite de ses 6 années en tant qu’enseignante de l’anglais comme langue seconde en Asie. C’est ainsi que cette partie du globe est devenue sa destination chouchou pour y vivre et pratiquer son métier. Tout comme Julien et moi, la flexibilité est ce qui l’attire le plus dans ce mode de vie.
« Je peux prendre un jour de congé pour voyager au milieu de la semaine si j’en ai besoin, mais cela signifie que je devrai travailler dans un café le week-end ou tard le soir. J’aime faire mon propre emploi du temps, mais cela demande de la discipline!»
Jennifer précise toutefois qu’avec la montée en popularité du nomadisme numérique (et les photos Instagram paradisiaques) vient aussi la pression de trouver «l’endroit parfait» pour travailler. «Ce que j’ai appris, c’est qu’il n’y a pas d’endroit parfait, mais il peut y avoir le bon endroit pour vous selon ce que vous désirez», affirme-t-elle.
Redéfinir le nomadisme numérique
Que ce soit pour 4 semaines dans le «sud» ou 1 an en Europe, être nomade numérique est maintenant accessible à tous. La pandémie aura eu cet effet positif : démocratiser le fait de travailler d’un peu partout. Le nomadisme numérique dans le fond est un peu la version «adulte» d’étudier à l’étranger, non?
Plusieurs communautés existent sur les réseaux sociaux selon votre pays de prédilection, n’hésitez pas à les rejoindre pour poser vos questions.
Photos : Maude Carrier (Plage, repas, selfie), Instagram @NomadicJulien (Julien Tremblay), Instagram @along_winding_roads (Jennifer)
À lire aussi :