Selon l’International Surfing Association (ISA), l’instance mondiale pour le surf, le nombre d’adeptes atteindrait un niveau record, à savoir 35 millions sur la planète. Preuve de sa popularité, la discipline figurait pour la toute première fois au programme des Jeux Olympiques à Tokyo, en 2021.
Si, comme plusieurs sports extrêmes, le surf reste majoritairement masculin, avec 81% d’hommes parmi ses fans, il se féminise peu à peu. Des figures emblématiques émergent, comme les championnes Carissa Moore et Justine Dupont, ou encore la célèbre surfeuse américaine Bethany Hamilton, qui a survécu à une attaque de requin et a continué à surfer, malgré la perte de son bras gauche. L’égalité des primes de résultats entre hommes et femmes, instituée par la World Surf League (WSL) en 2019, démontre l’évolution des mentalités au niveau compétitif. Et chez nous, de plus en plus de Québécoises se lancent à l’assaut du Saint-Laurent et organisent leurs vacances – parfois même leur projet de vie – autour de leur passion pour le surf.
Une participante à l’un des séjours organisés par Salty Souls Experience surveille les vagues.
Se jeter à l’eau
Marie Donaldson a découvert le surf de rivière à Montréal avec son frère, l’été de ses 20 ans. Après une initiation au surf d’océan au Costa Rica durant la même année, l’étudiante est allée chaque été dans divers pays d’Amérique centrale avec sa meilleure amie, Pascale Marcotte. Pour cette dernière, tout a commencé avec des amis sur la vague à Guy, à LaSalle, puis avec Kayak Sans Frontières (ksf.ca) sur la vague d’Habitat 67. «Il y a un instructeur qui te pousse avant la vague, un autre qui t’attend après, et on t’explique l’étiquette et les règles de sécurité à respecter dans l’eau», témoigne la jeune femme. Depuis, elle multiplie les voyages de surf entre amies et a même déjà passé un an en Australie ! Initialement adepte du surf sur sillage (wakesurf) et de la planche à neige, Mireille Roy, quadragénaire, se qualifie pour sa part de «fille de planche». Elle a commencé à surfer au Costa Rica avec son copain, il y a une quinzaine d’années, et depuis, elle continue à s’y adonner plusieurs semaines par année. Son conseil aux débutants ? Recourir à un instructeur local pour se faire accompagner dans l’eau et s’assurer de bien comprendre l’océan et ses dangers. «Un jour, j’ai été emportée au large par les courants et j’ai mis une heure et demie à revenir au bord de la mer», témoigne Mireille, ajoutant qu’il lui a ensuite fallu beaucoup de temps pour surmonter sa peur.
D’abord passionnée de yoga, Erika Drolet, 30 ans, estime de son côté qu’il existe une grande complémentarité entre les deux activités. «Sur le plan physique, le yoga procure une plus grande conscience corporelle, dit-elle. Il renforce la mobilité, l’équilibre et la force, des qualités qui aident à la pratique du surf. Et en ce qui concerne l’aspect mental, le yoga permet de se recentrer, de développer sa capacité à être à l’écoute de son environnement intérieur et extérieur.»
Danser sur l’océan
Si les publicités véhiculent trop souvent le stéréotype de la surfeuse blonde et sexy, la réalité est bien loin des clichés. Le surf est un sport exigeant physiquement, ce qui implique d’être une bonne nageuse, mais aussi d’avoir des bras musclés et des abdos en béton. «Mieux vaut se mettre en forme avant de faire un voyage de surf», conseille Mireille Roy.
Judith Fetzer, présidente et cofondatrice du service de prêt-à-cuisiner montréalais Cook it, confie avoir eu le goût d’abandonner après son premier cours de surf: «Je n’ai aucun muscle, je mesure six pieds – donc mon centre de gravité est haut – et je n’ai pas le sens de l’équilibre. Tout ce que je voulais, c’était de réussir à me lever.» Selon Erika Drolet, c’est en pratiquant régulièrement le surf qu’on y devient accro, car il y a un ratio à atteindre entre les chutes et les petites vagues surfées avec succès pour commencer à y prendre plaisir. «La sensation d’être sur la vague et d’y surfer assez longtemps pour en prendre conscience est inoubliable, affirme Erika Drolet. Danser avec l’océan, c’est un sentiment impérissable, que tu as envie de reproduire.»
D’après Mireille Roy, le déferlement d’adrénaline qu’on ressent compense largement tout le travail qu’il a fallu s’imposer. «Le surf est le sport le plus spirituel que je connaisse, mentionne-t-elle. Quand tu es dans l’océan, tu ne penses à rien d’autre.» Faire du surf, c’est aussi développer un sentiment d’appartenance à une communauté. «La reconnaissance des autres surfeurs est directement liée à ta capacité à te débrouiller dans l’océan, pas à tes signes extérieurs de réussite, comme ton auto ou ta business», note Mireille. «C’est très bon pour l’égo, ça rappelle que tout doit s’apprendre dans la vie», renchérit Judith. Son initiation au surf lui a permis de faire des rencontres hors de ses cercles habituels d’entrepreneurs, avec des femmes qui partagent «le goût d’avoir de l’action dans leur vie» et de voyager, une de ses grandes priorités.
Pour Marie Donaldson, récemment installée au Costa Rica, le surf est devenu un vrai mode de vie.
Un autre mode de vie
Plus qu’un simple loisir, le surf devient parfois un mode de vie. Marie Donaldson s’est ainsi installé au Costa Rica, en couple, tout récemment. La jeune femme vit des revenus de Felicity Swimwear, sa marque de maillots de bain, produits localement avec du tissu recyclé à partir des déchets de l’océan. «Je suis tout le temps dans l’eau et je vois de près les déchets: la propreté de l’océan est une cause particulièrement importante à mes yeux», déclare-t-elle.
Si Marie côtoie d’autres surfeuses, peu d’entre elles font partie de la population locale. Selon Erika Drolet, c’est sans doute parce que la séparation des rôles est encore très marquée en Amérique centrale, les hommes se consacrant davantage à l’extérieur, au travail physique et au sport, tandis que les femmes s’occupent de la maison, des enfants et de la cuisine.
Depuis plusieurs années, Erika vit de sa passion pour le surf grâce à Salty Souls Experience, une entreprise qu’elle a fondée avec son associée Marie-Christine Amyot, en 2015. Leur but ? Créer une communauté de filles aventureuses, qui ont envie d’apprendre à surfer et à sortir de leur zone de confort. Leurs retraites en Équateur, au Salvador et à Bali incluent des sessions de surf, bien sûr, mais aussi des cours de yoga et de nutrition, des activités culturelles et même des ateliers de développement personnel. «Notre participante la plus âgée, une véritable légende, avait 65 ans, mais la plupart des femmes inscrites ont de 25 à 40 ans, elles viennent seules et ce sont des débutantes», raconte Erika.
Judith, tout juste de retour du Salvador au moment de l’entrevue, a le profil type des participantes aux séjours organisés par Salty Souls Experience. «Cette retraite a été une expérience déstabilisante pour moi. J’ai fait le ménage dans ma tête, j’ai repris le contrôle de mon corps. Ç’a changé ma vie», témoigne l’entrepreneure, qui envisage de renouveler l’expérience chaque année. Pour s’y préparer, elle a accès aux entraînements inspirés du surf, aux vidéos de yoga et aux recettes santé proposés sur la plateforme virtuelle payante The Salty Club, qui regroupe un millier de membres. Une formule idéale pour s’évader virtuellement… avant de retourner se mesurer aux éléments.
La surfeuse Pascale Marcotte à l’assaut des vagues.
Où s’initier au surf au Québec ?
Surf d’intérieur à Brossard et à Laval
- Dans les centres Oasis Surf et Maeva Surf, qui offrent une expérience sur vague dynamique, sur des planches avec ou sans aileron.
Surf de rivière à Montréal
- Sur la vague à Guy, dans le parc régional des Rapides, à LaSalle, ou sur la vague d’Habitat 67, avec les instructeurs de KSF.
Surf en mer sur la Côte-Nord
- En été, sur les plages de Sept-Îles, avec la boutique-école SurfShack.
Photos : iStock ; The Salty Souls Experience ; Mike Hitelman (Pascale Marcotte)
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